Au bord du sentier qui mène à la forteresse il est une fontaine, de laquelle jaillit l'eau de la montagne, qui ne peut qu'intriguer le promeneur. De l'inscription lapidaire en allemand gothique, difficilement déchiffrable car dégradée par l'outrage des ans, on peut toutefois en déduire que cette fontaine date de 1901, année où le château était en reconstruction par Bodo Ebhardt, architecte de l'Empereur Guillaume II.
L'adage gravé dans la pierre pourrait se traduire ainsi :
"Que notre langage soit aussi pur et limpide que l'eau qui jaillit de cette source".
L'alsacien de souche qui, à cette époque, parlait encore exclusivement le dialecte en famille, ne pouvait s'empêcher de penser qu'il s'agissait d'une pique de ce monarque, destinée à inciter la population à adopter la langue pure et limpide de Goethe au détriment de ce jargon tellement corrompu par les expressions françaises.
En effet, comment ne pas se souvenir que l'annexion de l'Alsace-Lorraine après la guerre franco-allemande de 1870, était justifiée par la notion de communauté culturelle basée sur la langue, et du débat qui agitait les milieux intellectuels de l'époque autour du concept de nation.
Dans une controverse qui l'opposa au professeur et historien Théodore Mommsen, Fustel de Coulanges apporta cette précision : « ...Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections de souvenirs et d'espérance ... »
(réponse à Mommsen : L'Alsace est-elle allemande ou française : Paris 1870).
Bruno Meistermann
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