Du Hagueneck aux Trois Châteaux

Hagueneck - Bechtal - Damen Sessel - Herren Sessel - Trois Châteaux - Repos des Chasseurs - Hagueneck

Description de la randonnée
Départ 

Parking à proximité du Hagueneck :

à Wettolsheim prendre la rue du

Hagueneck. 

Propriétés 

Distance : 8 km

Dénivelé : 350 m

Carte IGN : 3719 OT 

Remarques 

Promenade sans difficultés à travers

la forêt sur les hauteurs de Colmar

pour découvrir ces ruines qui dominent

la plaine d'Alsace. 

Au parking du Hagueneck, monter au château et suivre le sentier (losange rouge) qui mène au Bechtal.

 

Grimper aux Trois Châteaux.

 

Rejoindre le parking et prendre le chemin (disque jaune) qui mène au Repos des Chasseurs.

 

Rester sur ce chemin (Disque jaune - ne pas rejoindre la route) et pour le retour (croix bleue - croix jaune) en se dirigeant d'abord vers Ste Gertrude (sans aller jusque là)  puis vers le Hagueneck. 

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Les Trois Châteaux d'Eguisheim

Les ruines des châteaux d'Eguisheim, aussi appelées Haut-Eguisheim, se trouvent à environ une demi-heure* de la petite ville, au sommet d'une colline vosgienne et se composent de trois tours carrées, distantes entre elles, d'où le nom de Trois Châteaux.

Chaque château porte son propre nom. La tour principale porte le nom de Dagsbourg (vraisemblablement du nom de son bâtisseur), la deuxième porte le nom de Wahlenbourg et la troisième celui de Weckmund. A cela il faut ajouter la tour de l'oubli** qui ne disposait pas d'autre éclairage ni porte qu'une ouverture dans le toit par laquelle on laissait descendre les prisonniers.

 

Il est vraisemblable que le Haut-Eguisheim fut érigé au XIème siècle par le comte Hugo IV d'Eguisheim parce que ses châteaux en Alsace furent détruits en 1027 par le duc Ernest de Souabe. En 1468***, il fut pris d'assaut par le bailli de Haguenau, Friederich der Siegreiche du Palatinat, aidé par les villes de Kaysersberg et de Turckheim.


* disons plutôt une heure.

** aussi appelée Nellenbourg ; cette tour a disparu.

*** plutôt 1466, voir ci-dessous : guerre des Six Oboles.

Geschichte und Beschreibung des Elsasses und seiner Bewohner : Basel 1782 Sigismond Billing : traduction libre.

Reproduction : plan dressé par Gilbert Meyer (Le château de Haut-Eguisheim : Christian Wilsdorf 1982) .

Les comtes d'Eguisheim et la querelle des investitures

"... Pour autant qu'on puisse le dire, les comtes d'Eguisheim sont, potentiellement, les plus aptes à constituer une principauté dont l'Alsace serait le noyau. Leurs terres s'étendent sur les deux versants des Vosges et embrassent de vastes portions du Haut-Rhin actuel. Ils y possèdent plusieurs forteresses notamment le puissant Guirbaden, en amont de Rosheim, et, bien entendu, leur château familial.

 

Ils sont apparentés à la dynastie impériale des Saliens, et c'est même l'empereur Henri III qui choisit l'évêque Bruno pour le mettre à la tête de l'église catholique, où il se fait appeler Léon IX (1049-1054).

 

Ce pape alsacien (ou lorrain, selon qu'on le fait naître à Eguisheim ou à Dabo) ne se contente pas d'appliquer le programme de réforme souhaité par l'empereur, la discipline morale du clergé : il met en route une véritable refonte institutionnelle et doctrinale de l'Eglise, qu'il entend soustraire à la mainmise des laïcs, y compris  des plus puissants. Et c'est son collaborateur Hildebrand, élu pape sous le nom de Grégoire VII en 1073, qui va porter le fer au plus vif du sujet, en dénonçant l'empereur Henri IV et en lançant la querelle des investitures.

...

Pour contrer les Eguisheim et leurs alliés du parti pontifical, notamment l'anti-roi Rodolphe de Rheinfelden dont la couronne a été forgée par les moines de Murbach, l'empereur s'appuie sur de nouveaux venus originaires des environs de Göppingen, dans l'Alpe souabe, où ils viennent d'ériger le château de Staufen : Frédéric de Staufen est nommé duc de Souabe (1079), son frère Otto, évêque de Strasbourg, ce qui montre assez bien où se situe l'enjeu...."

 

Pour en finir avec l'Histoire d'Alsace :Georges Bischoff : 2015.

 

"... On sait que dans la deuxième partie du XIème siècle la querelle des Investitures faisait rage ; cette lutte entre le Sacerdoce et l'Empire mettait aux prises deux personnalités marquantes, le Pape Grégoire VII et l'Empereur Henri IV. En Allemagne du Sud, Henri IV avait en la personne du duc de Souabe, Frédéric de Hohenstaufen  le partisan le plus fidèle. Celui-ci descendait de la fille d'un comte d'Alsace, Hildegarde d'Eguisheim, et tenait du côté de sa mère un domaine étendu en Alsace. Le partisan du Pape Grégoire VII dans notre région, était le comte Hughes de Dabo

 

La lutte sévissait également en Alsace entre les partisans du Pape et ceux de l'Empereur. C'est pourquoi, à la mort de l'évêque Thiébaut de Strasbourg en 1082 (il avait appartenu au camp de l'Empereur), la politique d'état consista à choisir un successeur adhérant au même parti. Othon de Hohenstaufen, fils de Hildegarde enterrée à Sélestat (église Sainte-Foy) et frère du duc de Souabe, devint ainsi évêque de Strasbourg (1084-1100).

 

En 1086 Othon envahit le territoire du comte de Dabo dont il assiégea le château-fort. Mais Hughes, qui séjournait alors dans la Haute-Alsace, où Manegold, prieur de Lautenbach et futur fondateur de Marbach, luttait pour la cause du Pape, accourut, surprit les partisans de l'évêque qui s'étaient bercés dans l'insouciance et leur infligea une défaite ignominieuse. A l'Evêque on ravit les insignes ; il fut chassé honteusement. On raconte même qu'Hughes aurait chassé l'Evêque de sa ville épiscopale de Strasbourg. 

 

Mais bientôt la fortune se retourna contre le comte de Dabo. L'Evêque, soutenu par son frère Frédéric, avança en vainqueur et chassa à son tour le comte. Ce n'est qu'en 1088, que celui-ci reprit le dessus ; il reconquit petit à petit son territoire. La paix fut signée en l'Evêque et le Comte en 1089 près de Strasbourg (Haslach) dans la demeure même de l'Evêque. Cependant, le Comte fut assassiné lâchement peu après dans la demeure même de l'Evêque. C'est ainsi que finit le neveu du Pape Léon IX..."

 

Bulletin de la Société d'Histoire de Saverne et environs : juin 1953 : Le Mont et le château du Hat-Barr : René Friedel.

 

 

"...  Les exilés traversèrent la France et s'arrêtèrent à Cluny. Dans cette profonde retraite, soumise à la règle la plus austère, Hildebrand montra de telles dispositions pour le cloître, et y exerça si jeune un tel ascendant, qu'il fut, à peu de temps de là, élu prieur. Mais son influence ne resta pas confinée dans l'enceinte du monastère. L'empereur s'était approprié le droit de nommer au Saint-Siège, et trois papes de son choix s'y étaient déjà succédés. Le dernier, Allemand d'origine et de maison féodale (Léon IX), s'arrêta à Cluny en se rendant en Italie. Tel fut l'effet de la parole de Hildenbrand, qu'il dépouilla, sur ses conseils, les insignes pontificaux pour se rendre à Rome en habit de pèlerin, voulant que son élection fût approuvée par le clergé et le peuple de Rome ..."

 

La Grande Italienne (Mathilde de Toscane) Amédée Rénée Paris 1859.

 

"...Les fouilles archéologiques des trois châteaux ont mis en évidence la présence romaine de ce site, station d'altitude. Signalé dès le VIIIème siècle, le "vieux" château, le Wahlenburg, modèle d'architecture-Staufen (Frédéric II) fut détruit en 1027 lors de la guerre de l'empereur Conrad II, apparenté aux Eguisheim, et le duc de Souabe.

 

Il semble avoir été reconstruit très rapidement. Au XIIème siècle fut ajouté le Dagsburg par les Eguisheim-Dabo (Hughes IV avait épousé la comtesse Heilwige de Dabo).

Vers 1200, les Ferrette construisirent le Weckmund, du nom de leur héritage des Vaudémont."

 

Entre Vosges et Frorêt Noire : pouvoirs, terroirs et villes de l'Oberrhein : Odile Kammerer : 1998. 

Reproduction : Léon IX : Flaxland (graveur) Frédéric Emile Simon (lithographe) : source BNF.

Drei Exen et la Guerre des Six Oboles

"...A l'Ouest sur la montagne se dressent les trois tours d'un ancien château fort, appelé Drei Exen, et dont chacune avait son nom. On les appelait, celle du Sud, Wahlenburg, celle du milieu Weckmund, et la troisième Dagsburg ; l'une d'elles a encore 40 mètres de hauteur. Le château a été bâti par le premier comte d'Eguisheim, le petit fils du duc Athic, et le fondateur de plusieurs races princières royales. De cette célèbre et puissante famille, qui s'est éteinte vers le milieu du XIIème siècle, descendent, en effet, les ducs de Zaehringen, les princes de Teck, les comtes de Habsbourg, la maison de Lorraine, etc. Robert le Fort, bisaïeul de Hugues Capet avait épousé une comtesse d'Eguisheim. Enfin Brunon d'Eguisheim, qui devint pape sous le nom de Léon IX, après avoir été évêque de Toul, était le fils du comte Hugues IV.

 

Dans son intéressant ouvrage intitulé Voyage pittoresque en Alsace*, M. Th de Rouvrois raconte ainsi la destruction du château :

 

« C'était en 1466. L'année d'avant, les nobles, que les villes ne supportaient plus avec autant de patience qu'au siècle précédent, avaient été bannis du sénat de Mulhouse. Outrés de cette rébellion, ils n'attendaient qu'un prétexte pour ressaisir leur ancienne prépondérance et se venger des bourgeois de cette ville.

 

Un garçon meunier de Mulhouse le leur fournit. Chassé par son maître et se prétendant lésé pour une misérable somme de six oboles que celui-ci refusait de lui payer, il alla se plaindre près des seigneurs ; et l'un d'eux, Pierre de Réguisheim, lui acheta sa créance. Fort de ce titre, et se posant en redresseur de torts, il s'empara de plusieurs bourgeois de la ville, et les fit jeter dans cul de basse fosse.

 

Mulhouse s'adressa à ses alliés, et une guerre, que l'on appela depuis Plappert-Krieg, la guerre des six oboles, s'engagea sur ce puéril motif, les gentilshommes, s'étant ligués de leut côté, se fortifièrent dans le château d'Eguisheim, et remirent le commandement à Herrmann Klee, le meunier qui avait été la première cause des actes de cette guerre. L'attaque des châteaux fut bientôt décidée par les villes, et, sous la conduite d'un nommé Stützel, ils s'en emparèrent le jour de la Fête-Dieu (1466), et les brûlèrent entièrement. Herrmann Klee et trois gentilshommes y furent pendus.

 

Il paraît assez certain, ajoute le même auteur, que ces trois forteresses ne se relevèrent jamais de cet assaut, et qu'on ne les habita plus ; car en 1568, on fit le procès à une prétendue sorcière, accusée d'avoir marié sa fille au diable et célébré sa noce aux ruines d'Eguisheim. Les détails de ce procès sont des plus curieux et des plus extravagants … Il y est constaté que le repas de noce avait consisté en chauve-souris et que la ronde du sabbat y avit été dansée par les invités de l'enfer … La soricère fut brûlée »..."

 

*Voyage pittoresque en Alsace Th.de Rouvrois 1844.

Trains de plaisir au bord du Rhin : Adolphe Joanne : 1863.

Lithographie des Drei Exen : Musées pittoresques et historiques de l'Alsace 1853 - 1866 : Rothmuller 1860.

De la guerre des six oboles au traité de Saint-Omer

"...L'offensive menée par les Confédérés suisses déferle jusqu'au portes de Thann et dure une dizaine de jours, du 26 juin 1468 au 7 juillet, illustrant brillamment la force et la capacité de maneuvre des cantons.

 

...Le bilan est lourd : destruction d'une quinzaine de châteaux, occupation ou rançonnement de 200 villages et destruction de 6000 maisons...

 

Un traité de paix conclu le 27 août 1468 consacre leur victoire politique et, du même coup vient garantir l'indépendance de Mulhouse. Sigismond s'engage à payer des dommages de guerre de 10000 florins...

 

Sigismond tente mille démarches auprès de princes allemands, puis de son cousin Frédéric III lui-même mais en vain. Il cherche alors à l'étranger le secours que lui refusent ses compatriotes. Il s'adresse donc au duc de Bourgogne au courant de l'année 1468...

 

Charles le Téméraire signe donc le 9 mai 1469 le traité de Saint-Omer par lequel il accorde sa protection au duc d'Autriche. En contre-partie, Sigismond lui cède tous ses droits sur le landgraviat de Haute Alsace, le comté de Ferette et les villes rhénanes...

 

Le duc doit verser à Sigismond 50 000 florins à Bâle, dont  10 000 sur le champ. Il s'agit du montant que les Suisses exigent pour rendre Waldshut..."

 

Pierre de Hagenbach : Gabrielle Claer-Stamm : 2004.

Reproduction : Charles le Téméraire : Rogier van der Weyden : 1454.

 

Quand le Haut-Eguisheim eut les honneurs littéraires

"...Le jeune Ramond de Carbonnières qui n'est plus guère connu aujourd'hui que comme premier pyrénéiste, y plaça la plupart des scènes de sa pièce de théâtre La guerre d'Alsace pendant le grand schisme d'Occident terminée par la mort du vaillant comte Hugues surnommé le soldat de saint Pierre,

drame historique, parue à Bâle en 1780. 

 

Ramond, alors âgé de vingt-cinq ans, avait passé son adolescence à Colmar, s'était épris des ruines médiévales des environs qu'il fut le premier en Alsace à chanter en vers et en prose. Sa muse n'est peut-être pas toujours à la hauteur de son inspiration est toute imprégnée des oeuvres de Shakespeare et du Goetz von Berlichingen du jeune Goethe. L'action se situe en 1089, lors de la lute du comte Hugues VI d'Eguisheim et Otton Hohenstaufen, évêque de Strasbourg et partisan de l'empereur Henri IV..."

 

Le chateau de Haut-Eguisheim : Christian Wilsdorf 1982.

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