Alexandre Weill (1811-1899)

"Abraham Alexandre Weill est né le 10 mai 1811 à Schirhoffen, petit village d’Alsace, au Nord de Strasbourg.  Une  vocation religieuse précoce, lui fait  quitter,  âgé de  treize ans, la maison familiale  à la recherche de maîtres qualifiés qui sauront étancher sa soif de spiritualité. Après avoir  fréquenté les écoles "rabbiniques" de Metz, Nancy et Marmoutier, il  part pour l’Allemagne  au printemps 1826, préoccupé  d’une éducation, qu’il sent incomplète. La communauté de Francfort, il en est convaincu, lui offre toutes les garanties désirables.

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La France, quittée quelques années auparavant, demeure proche de son cœur : paradoxalement, le bouleversement politique, causé par la Révolution de 1830,  s’accompagnera  chez Alexandre Weill, et par delà les frontières, d’une volte-face de la pensée religieuse. Avec la lecture de Spinoza Platon, Lessing, Kant, Hegel,   le doute sur l’authenticité divine de la Loi Orale, sur le bien fondé des écrits talmudiques  et bibliques  s’insinue dans son esprit … A telle enseigne que,   choisissant la voie du pyrrhonisme,  il  décide de renoncer  au rabbinat.

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C’est à cette époque que le jeune "défroqué", attiré par la carrière des lettres, commence à écrire. Débutant dans le journalisme, il collabore au Journal de Francfort de Charles Durant, puis  au Courrier de Stuttgart, au Journal de Nuremberg, et à la Gazette d’Augsbourg. En même temps, il subit avec délice l’influence du mouvement de la Jeune Allemagne, qui compte dans ses rangs des écrivains de renom, et parmi eux, Gutzkow, Boerne et Heine. Le non-conformisme de Weill   revêt, dés lors, un caractère politique et social,  avec comme toile de fonds, la lutte contre le despotisme sous toutes ses formes.

Bien déterminé à réussir et à vivre de sa plume, il part  pour Paris en 1836. S’affichant comme républicain et démocrate, il poursuit sa collaboration à la rédaction des journaux allemands, se lie d’amité avec Nerval, fait la connaissance de Victor Hugo, auquel il vouera une grande admiration, mais qui ne durera pas.  Cette période marque le début de la longue série de ses publications … Louis Blanc lui ouvre les colonnes de sa Revue du Progès, puis il passe  à La Revue Indépendante, fondée par Pierre Leroux et George Sand.

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Un des ultimes combats de Weill sera dirigé contre l’antisémitisme La France s’achemine lentement vers l’Affaire Dreyfus. Et plusieurs pamphlets de l’écrivain vieillissant  constitueront  des répliques, pas toujours adroites, il est vrai, à La France Juive  d’ Edouard Drumont.

Alité et presque aveugle, agé de plus de 80 ans, doué d’une vitalité prodigieuse,  l’écrivain  tient à mettre un point final à l’œuvre entreprise et travaille sans relâche à la publication de tous ses manuscrits. Le 18 avril 1899, celui que Robert Dreyfus devait appeler Le Prophète du Faubourg Saint Honoré   meurt en son domicile à l’âge de 88 ans. Il sera inhumé au cimetière de Montmartre dans le secteur réservé aux membres de la communauté juive.

 

D'après Joë Friedemann sur le site du judaisme d'Alsace Lorraine : judaisme.sdv.fr.

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